Chroniques

Vivre en pleine conscience

Par Denis Gauthier et Pierre Brulé

Chroniques

11 mai 2022

Crédit photo : Alex Alvarez / Unsplash

Y a-t-il un sens à notre passage sur la Terre avant notre mort ? On respire, on évolue, on vieillit et on expire en mettant fin au parcours. C’est tout ? L’humain n’est pas une entité close. Nous inspirons et nous sommes inspirés. Nous sommes issus d’une évolution qui a traversé la gamme entière d’existants avant d’aboutir à l’humain.

 

Les intuitions qui sont à la base des théories de l’évolution peuvent nous aider à élaborer une vision plus cohérente de la mort et de la suite. On peut même entendre mère Nature nous dire : «Certainement, toutes les formes d’évolution comprennent un début, une croissance et une fin… puis un recommencement».

Darwin a écrit sur l’évolution des espèces et ce fut un scandale jusqu’au jour où le monde a réalisé que cette conception avait plus de sens que celle de la création du monde et de la vie en six jours. Le même phénomène s’est produit avec les affirmations de Galilée, qui s’est opposé au géocentrisme d’Aristote, théorie dominante de l’époque, selon laquelle la Terre était l’axe central de l’Univers autour duquel tournent tous les astres.

Avant de naître, on vivait dans le monde utérin et on faisait partie d’un grand tout anonyme de la vie universelle. Mais, une fois né, notre individualité a acquis un caractère indestructible, le seuil franchi était irréversible. Nous sommes devenus conscients et éveillés, même si cela n’était pas évident au début. Mais, un grain de conscience restera éternellement un grain de conscience. C’est acquis pour l’éternité.

 

Dans le ventre

 

La vie a une valeur unique, une importance suprême. La science peut suivre l’évolution physique du temps que nous avons vécu dans le ventre de notre mère, mais le psychique demeure un mystère. À ce moment, nous flottions, non pas dans l’espace, mais dans le liquide amniotique, un véritable habitat d’échange, de vie, de confort et de protection.

Dans ce monde utérin, on n’avait rien à faire ou à posséder. Toutes les obligations étaient assumées par notre mère et pour mère Nature. Nous n’avions qu’à nous laisser faire sans en être conscients. Imaginons un instant que, dans l’utérus, nous étions conscients. Nous n’aurions qu’à être émerveillés du développement de nos mains, de nos jambes, de nos pieds… un peu comme un passionné des automobiles qui assiste en tant qu’observateur au montage de son propre véhicule.

 

Naître

 

Ainsi, nous avons vécu dans le ventre protecteur de notre mère. Une fois notre corps formé, une aventure nous attendait. Pour la vivre, nous sommes entrés dans un passage, un tunnel, tellement petit par rapport à notre propre dimension qu’aucun humain conscient n’accepterait un tel défi. En constatant la petitesse du diamètre du passage devant nous, on aurait pu évaluer cette aventure comme insensée et dangereuse, voire impossible.

Qu’on le voulût ou non, notre temps dans le monde utérin était terminé. Dans le monde extérieur, on devait conquérir par nous-mêmes l’air dont on a besoin pour vivre. Notre première inspiration était notre premier acte d’autonomie, notre première responsabilité. Personne ne pouvait la faire pour nous.

Et nous allions connaître aussi le monde du sommeil. Pour nous y aventurer, notre premier geste a été celui de fermer les yeux afin de nous retrouver dans le noir. Selon le poète grec Homère, «le sommeil et la mort sont des frères jumeaux». L’éveil réfère au connu et à ce qu’on a appris, tandis que le sommeil, à l’inconnu, à l’inné. Lorsqu’on dort, on plonge dans un univers où l’on perd tout contrôle. Au réveil, on remonte à la vie où la raison est dominante.

 

Éveiller sa conscience

 

Dans le monde extérieur, nous vivons des hauts et des bas tant sur le plan physique que mental. Nous traversons des périodes mouvementées et nous nous plaisons durant les temps calmes. Les exigences de la vie moderne de «performer» et d’accumuler des choses matérielles vont parfois prendre beaucoup d’importance au détriment du questionnement du sens propre à notre existence et du pourquoi nous sommes là.

Nous nous laissons distraire par la frénésie du quotidien, nous évoquons des souvenirs du passé et nous nous évadons dans nos rêves ou les rêves des autres. Tout cela rend très difficile l’expérience de simplement être, de vivre dans le moment présent. Le philosophe Platon disait que «la vie est un court exil». Pour vivre, il faut s’éloigner, prendre une distance avec ce qui nous distrait. De la sorte, c’est notre conscience qui va s’éveiller en nous donnant une nouvelle perspective.

Et puisque le concept d’exil inclut celui du retour, l’idée de l’exil de la conscience annoncerait également l’avenir des retrouvailles avec la Volonté de l’origine, l’Être Suprême. Nous ne devons pas craindre, mais braver les terres de l’ombre et de la lumière dans notre esprit, oser penser l’impensable et tenter de dire ce que l’on ne peut pas dire, avec une âme éveillée qui nous permettra de percevoir enfin notre vérité intérieure.

À PROPOS DE DENIS GAUTHIER ET PIERRE BRULÉ

Denis est philosophe et Pierre, psychologue. Tous les deux sont détenteurs d’un MBA des universités québécoises. Ils se sont connus durant un cours en philosophie à l’Université du Québec à Trois-Rivières et ils ont co-écrit le livre Se voir autrement. La conscience et son pouvoir. Aimant la nature, l’humain et les défis, ils se lancent dans l’aventure d’écrire ensemble cette chronique spirituelle.

 

Les opinions exprimées dans les textes sont celles des auteurs. Elles ne prétendent pas refléter les opinions de la Fondation Père-Ménard. Tous les textes publiés sont protégés par le droit d’auteur.

 

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